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d’Espagne se firent le 28, celles du Roi et de l’Infante se devant faire le même jour à Burgos.

Il fut remarqué qu’en ce jour on lisoit en l’église l’évangile d’un roi qui faisoit les noces de son fils, auxquelles les invités refusèrent de venir, et aucuns d’eux firent violence à ceux qui les en étoient venus semondre, et les tuèrent, ce qui obligea ce grand roi à les perdre tous malheureusement. Cela sembloit n’être pas tant arrivé par hasard que par un ordre secret de la Providence divine, qui désignoit la ruine de ces sujets infidèles qui s’opposoient au mariage de Sa Majesté.

Le Roi, sachant que le duc de Rohan, le sieur de La Force, et les autres huguenots de ce côté-là, avoient armé, leur envoya La Brosse, lieutenant de ses gardes, pour savoir d’eux à quel dessein et avec quelle autorité ils le faisoient.

Ils répondirent que l’assemblée de Grenoble leur avoit mandé qu’ils se tinssent en état de se pouvoir défendre en cas que leurs députés ne reçussent contentement, lequel ils savoient bien qu’ils n’avoient pas reçu, Sa Majesté n’ayant point eu d’égard aux remontrances de M. le prince ni du parlement.

Cette réponse insolente obligea le Roi à envoyer tout ce qu’il avoit de troupes pour accompagner Madame en Espagne, et lui amener sûrement la Reine sa future épouse.

Madame se mit en chemin le 21. Le duc de Rohan n’osa entreprendre de s’opposer à son passage ; elle arriva heureusement à Bayonne le dernier octobre. Elle en partit le 6 novembre pour aller à Saint-Jean-de-Luz, en même temps que le roi d’Espagne arri-