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plus de chaleur les princes firent au Roi, et à laquelle ils s’affermirent avec plus d’opiniâtreté, qui fut celle de la citadelle d’Amiens. Cet article, longtemps débattu, obligea à prolonger la trève jusqu’au 5 de mai.

Leurs Majestés, sachant qu’ils n’en vouloient qu’à la personne du maréchat d’Ancre, aimèrent mieux lui ôter cette place que permettre qu’elle fût rasée, étant de l’importance qu’elle est à l’État, à la charge, toutefois, que M. de Longueville demeureroit en sa maison de Trie en attendant que Sa Majesté eût pourvu au gouvernement de ladite place.

M. de Villeroy, ayant eu le vent que la Reine étoit mécontente de lui pour ces deux derniers articles, comme s’il n’eût pas fait tout ce qui étoit en lui pour empêcher les princes de les lui proposer, ou en affoiblir leurs poursuites, la vint trouver à Tours, et pour se justifier lui représenta qu’il étoit avantageux pour le service du Roi de donner à M. le prince toute la satisfaction qui se pouvoit pour l’attirer à la cour ; qu’il lui étoit préjudiciable de permettre qu’il demeurât éloigné dans son gouvernement, où de nouveaux boutefeu seroient tous les jours à l’entour de lui pour l’exciter à rallumer la guerre ; qu’au reste l’autorité qu’on lui donneroit de signer les arrêts ne diminueroit en rien celle de la Reine, vu que, s’il y servoit bien, les choses que Sa Majesté y feroit ordonner en seroient d’autant plus autorisées, et s’il faisoit mal on y pouvoit facilement remédier, sa personne étant en la puissance de Leurs Majestés. Quant à ce qui regardoit le maréchal d’Ancre, il lui avoit semblé être obligé, pour le service qu’il devoit à la