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Majesté la foi qu’ils lui vendoient si chèrement, ou, s’ils la lui livrèrent, ce ne fut pas pour longtemps.

On donna à M. le prince la ville et château de Chinon, et, pour son gouvernement de Guienne qu’en apparence il offrit pour montrer qu’il vouloit se déporter de toute occasion de remuement, mais duquel, en effet, il se défaisoit à la suscitation de son favori, qui avoit son bien éloigné de la Guienne, et préféroit son intérêt à ceux de son maître, on lui donna celui de la province de Berri, de la tour et ville de Bourges, et plusieurs autres places en icelle, la plus grande part du domaine et quinze cent mille livres d’argent comptant, pour les frais qu’il prétendoit avoir faits en cette guerre, outre les levées qu’il avoit faites en ce royaume et les deniers du Roi qu’il avoit pris.

Tous les autres princes et seigneurs qui l’avoient suivi reçurent aussi, chacun en son particulier, des gratifications, le Roi achetant cette paix plus de six millions de livres.

Le Roi donnant la paix à son peuple, la donna encore à la cour à tous ceux qui étoient mécontens du chancelier ; car il lui fit rendre les sceaux et les donna au sieur du Vair, premier président de Provence, la réputation duquel fit estimer d’un chacun le choix que Sa Majesté en avoit fait.

Il y avoit long-temps que M. de Villeroy disoit à la Reine et à la maréchale que, si Sa Majesté ne chassoit le chancelier de la cour, tout étoit perdu, et leur avoit souvent répété ce discours durant le voyage, en toutes les occasions qui se présentoient de satis-