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faire à la mauvaise volonté qu’il avoit contre lui, et lui donner à dos. Il disoit aussi à la Reine que le parlement et le peuple recevroient grande satisfaction de son éloignement, étant certain que ce personnage, ayant beaucoup de bonnes qualités, avoit ce malheur de n’être pas bien dans la réputation publique. Et, sur la difficulté que faisoit la Reine d’éloigner un vieux ministre auquel naturellement elle avoit quelque inclination, disant que c’étoit un bon homme qui n’avoit pas de mauvais desseins, il lui avoit mis le président du Vair en avant comme un homme la créance de la vertu duquel feroit perdre le regret que quelques-uns pourroient avoir de son éloignement.

Mais le chancelier s’étant aperçu que le sieur de Villeroy et le président Jeannin commençoient à prévaloir contre lui en l’esprit de la Reine, il n’y eut sorte d’adresse dont il ne se servît, ni de soumissions qu’il ne leur fît pour se réconcilier avec eux ; ce qui fit que le sieur de Villeroy, qui avoit une particulière connoissance de M. du Vair, et savoit qu’outre que c’étoit un esprit rude et moins poli que la vie de la cour et le grand rang qu’il y tiendroit ne pouvoient souffrir, il étoit si présomptueux, que, sans déférer à l’avis de personne, il voudroit usurper toute l’autorité du gouvernement, essaya de ramener l’esprit de la Reine, et faire que, continuant à se servir du chancelier, elle se contentât d’éloigner de la cour le commandeur de Sillery, et le sieur de Bullion qui avoit épousé sa nièce.

La Reine chassa de Tours les deux susdits, mais elle continua toujours en la volonté de faire de même du