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chancelier ; à quoi la maréchale la confortoit, mécontente de voir que le sieur de Villeroy et le président Jeannin eussent sitôt changé d’avis.

Le sieur de Villeroy reconnoissant cela, tâcha d’arrêter ce dessein par un autre moyen, et écrivit au président du Vair, avec lequel il avoit une ancienne amitié, qu’il ne lui conseilloit pas en ce temps orageux, auquel les affaires avoient peu de fermeté, d’accepter les sceaux si on les lui offroit ; qu’il penseroit manquer à l’affection qu’il lui portoit s’il ne lui donnoit ce conseil ; qu’il y avoit peu de sûreté dans cet emploi, grande difficulté à y bien faire, et plus encore à y contenter tout le monde, grand nombre d’ennemis à y acquérir, et peu ou point de protection à y attendre de ceux qui avoient le principal crédit dans le gouvernement.

Le président du Vair, intimidé, refusa l’offre qu’on lui en fit. La maréchale, étonnée de ce refus, et soupçonnant qu’il y avoit en cela quelque tromperie, envoya querir Ribier son neveu, qui lui dit que ce que son oncle en avoit fait étoit sur les lettres qu’il en avoit reçues de M. de Villeroy qui l’en dissuadoit, et s’offrit, si elle l’avoit agréable, de l’aller querir lui-même, ce qu’il fit incontinent.

Le partement de M. du Vair fut si public, par le grand nombre de personnes de toutes qualités qui voulurent aller prendre congé de lui et l’accompagner, que le chancelier en eut promptement avis. Il se résolut, pour n’être prévenu avec honte à la face de toute la cour, de partir de Tours où il étoit encore, et aller à Blois trouver la Reine pour lui demander congé de se retirer. Le président du Vair