Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/344

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bien feindre, que la Reine, qui n’étoit pas inexperte en ces artifices, n’en aperçût quelque chose. Elle ne s’en douta pas tant qu’elle en prit dessein de le chasser d’auprès de la personne du Roi, ni si peu aussi qu’elle ne commençât à penser à quelque retraite honorable, si le Roi prenoit de lui-même quelque jour Ja résolution qu’il avoit refusé de prendre à sa requête. Et, pour ce qu’elle avoit commencé à gouverner ce royaume avec autorité souveraine en la minorité du Roi, ne désirant pas retourner à vivre sous la puissance d’autrui, elle fit traiter de la principauté de la Mirandole, et envoya exprès André Lumagne en Italie pour convenir du prix. Mais le roi d’Espagne traversa l’exécution de ce traité, et ne voulut plus que les Français remissent le pied, en quelque manière que ce fût, en un lieu d’où il les avoit chassés avec tant de peines, de périls et d’années.

M. de Bouillon, qui savoit bien se servir de tout à son avantage, essaya de profiter de l’absence de M. le prince, et convertit en artifices de prudence la disgrâce en laquelle, par fortune, se rencontroit alors M. de Villeroy : car jugeant que ledit sieur deVilleroy, pour, par l’appréhension de nouvelles brouilleries, se rendre nécessaire, favoriseroit toutes les demandes qu’il pourroit faire, pour peu raisonnables qu’elles fussent, et représenteroit que le refus qu’on lui en feroit seroit une infraction au traité de Loudun, ne fit point de difficulté de désirer de la Reine plusieurs choses frivoles et impertinentes, et qui, en vérité, étoient au-delà des choses qui avoient été accordées par ledit traité, mais que néanmoins il disoit être