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de s’en retirer, que j’en avois fait instance pour l’un et pour l’autre, et particulièrement pour le dernier. Après cela je m’approchai plus près du sieur de Luynes, le remerciai en particulier des bons offices qu’il m’avoit rendus auprès du Roi, et l’assurai de mon affection et de mon service.

Ensuite je lui voulus donner même assurance du sieur Barbin, dont je lui dis tout le bien qu’il me fut possible, conformément à la sincérité que j’avois reconnue en ses actions. Il me témoigna par son visage, son geste et ses paroles, avoir fort désagréable ce que je lui disois sur ce sujet. Lors je lui dis avec le plus d’adresse qu’il me fut possible, qu’il seroit loué de tout le monde s’il ne lui faisoit point de mal, et qu’en effet je pouvois répondre qu’il ne l’avoit point mérité, ni pour le respect du Roi ni de son particulier. À quoi il me répondit : « Au nom de Dieu, ne vous mêlez point de parler pour lui, le Roi le trouveroit très-mauvais ; mais allez-vous-en au lieu où sont assemblés tous ces messieurs du conseil, afin qu’on voie la différence avec laquelle le Roi traite ceux qui vous ressemblent, et les autres qui ont été employés en même temps. » Il ajouta ensuite : « Il faut que quelqu’un vous y conduise, autrement on ne vous laisseroit pas entrer ; » et appela le sieur de Vignoles, qui étoit là présent, et lui dit qu’il m’accompagnât au conseil, et dît à ces messieurs que le Roi m’avoit commandé d’y descendre et vouloit que j’y eusse entrée. Je balançai en moi-même si je devois recevoir cet honneur ; mais j’estimai qu’en cette grande mutation les marques de la bonne grâce du Roi me devoient être chères, vu que, par après,