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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/48

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la jalousie lui étoit un mal assez cuisant pour la porter à beaucoup de mauvais conseils qui lui étoient suggérés sur ce sujet.

Elle parle plusieurs fois au Roi pour le détourner de ce qui lui étoit désagréable ; elle tâche de l’émouvoir par la considération de sa santé qu’il ruinoit, par celle de sa réputation qui d’ailleurs étoit si entière, par celle enfin de sa conscience, lui représentant qu’elle souffriroit volontiers ce qui le contente s’il ne désagréoit à Dieu. Mais toutes ces raisons, si puissantes qu’il n’y en a point au monde qui le puissent être davantage, étoient trop foibles pour retirer ce prince, qui pour être aveuglé de passions n’en connoissoit pas le poids.

D’autres fois elle se sert d’autres moyens ; elle proteste qu’elle fera faire affront à ses maîtresses, que, si même la passion qu’elle a pour lui la porte à leur faire ôter la vie, cet excès, pardonnable en tel cas à toute femme qui aime son mari fidèlement, ne sera blâmé en elle de personne.

Elle lui fait donner divers avis sur ce sujet par des personnes confidentes.

Ces moyens, quoique plus foibles que les premiers, font plus d’effet parce qu’ils tirent leur force des intérêts de ses maîtresses, auxquels il étoit aussi sensible qu’il étoit insensible aux siens.

Il fit une fois sortir de Paris la marquise de Verneuil bien accompagnée, sur un avis qui lui fut donné par Conchine que la Reine s’assuroit de personnes affidées pour lui procurer un mauvais traitement ; ce qui toutefois n’étoit qu’une feinte, étant certain qu’elle n’avoit dessein, en cette occasion,