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seroit contraint de la renvoyer à Florence avec tout ce qu’elle avoit emmené de ce pays, désignant la maréchale d’Ancre et son mari[1].

Et j’ai su de ceux qui avoient en ce temps grande part au maniement des affaires, que l’excès de la mauvaise intelligence qui étoit quelquefois entre Leurs Majestés, étoit venu jusques à tel point, que le Roi leur a dit plusieurs fois qu’il se résoudroit enfin de la prier de vivre dans une de ses maisons séparée ; mais la colère fait si souvent dire ce que pour rien du monde on ne voudroit faire, qu’il y a grande apparence que cette passion tiroit ces paroles de sa bouche, bien qu’en effet il n’en eût pas le sentiment au cœur.

Il est difficile de ne croire pas que la Reine fût échauffée en ses jalousies par certaines personnes, qui ne lui donnoient pas seulement mauvais conseil en ce sujet, mais en beaucoup d’autres. Et de fait, le même duc de Sully, dont elle faisoit grand cas en ce temps-là où il étoit considéré comme le plus puissant en l’esprit de son maître, m’a dit qu’un jour elle l’envoya querir pour lui communiquer une résolution que Conchine lui avoit fait prendre, d’avertir le Roi de certaines personnes de la cour qui lui parloient d’amour. Conchine, qui étoit présent, soutenait que, par ce moyen, la Reine feroit connoître au Roi qu’elle n’étoit pas capable de rien savoir sans le lui communiquer. Le duc lui répondit d’abord, avec sa

  1. Éléonore Gai ou Galigaï étoit venue en France avec Marie de Médicis. Elle avoit épousé Conchini, qui partageoit avec elle les bonnes grâces de la Reine. Conchini acheta, en 1610, le marquisat d’Ancre, dont il prit le nom, et fut fait maréchal de France en 1613. ( Voyez sur Galigaï et sur Conchini, ci-après, à l’année 1617. }