Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/512

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supplie Sa Majesté de ne lui pas dénier la continuation de la faveur qui lui est faite de me retenir près d’elle ; que c’est une des plus grandes obligations qu’elle lui puisse avoir : car aussi il l’assura que lui ayant une fois accordé quelque chose, ses ennemis n’auroient pas le pouvoir de lui faire des affronts qu’elle aimeroit mieux mourir qu’endurer, et son esprit pourra être en repos : ce qu’elle désire avec telle passion, qu’après le bien de son service elle ne souhaite autre chose en ce monde.

Elle mande quant et quant au sieur de Luynes que cette action lui fait croire qu’on ne se méfie pas de moi, mais d’elle ; que c’est faire tort à son intégrité que de s’imaginer qu’elle veuille se servir de moi pour brouiller, vu que, quand elle et moi aurions ce dessein, mon absence y seroit plus propre que ma présence ; que voulant mettre ordre en ses affaires particulières, elle désire se servir de moi, me connoissant capable de ce faire, et ne voyant rien en moi qui puisse donner de l’ombrage qu’à ceux qui, poussés d’une grande animosité, se veulent forger en l’esprit ces imaginations, quoique en conscience ils reconnoissent le contraire ; quand il seroit vrai que j’aurois de mauvais desseins étant auprès d’elle, sa personne répondroit de mes actions, étant entre les mains du Roi quand il voudroit ; que c’est faire tort à une personne de juger de ses intentions à l’avenir, et de l’en punir avant la faute ; qu’il ne doit pas préférer l’animosité de quelques particuliers à son contentement, autrement elle auroit occasion de croire qu’elle ne pourroit rien espérer que ce que la pure rigueur de la justice lui donneroit ; que ce lui est un préjugé que