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ment pour leur ôter l’imagination de ce qu’il vouloit faire, et l’exécuter plus sûrement, ainsi qu’il fit, en ce que, comme il fut à l’entrée de l’Angoumois, il retourna droit à Loches pour y recevoir la Reine, que M. de Toulouse, maintenant cardinal de La Valette, et le sieur du Plessis, sergent de bataille, domestique et confident du duc d’Epernon, étoient allés querir à Blois pour la rendre à Loches au même temps que ledit duc y arriveroit.

Étant résolue à sa sortie, et considérant que, d’un côté, on avoit mis des forces à l’entour de Blois, qui servoient de rempart contre sa liberté ; que le comte de Cheverny, gouverneur du Blaisois, avoit promis de s’opposer à tous ses justes desseins ; que quelques-uns même de ses domestiques étoient gagnés à cet effet, elle se trouve contrainte de se servir de la nuit pour couvrir sa retraite, et de ne point rechercher d’autres portes que des fenêtres, d’autres degrés qu’une échelle. Elle descend donc de la hauteur de plus de six vingts pieds, et, passant seule avec une de ses femmes, le comte de Brennes, son premier écuyer, deux exempts de ses gardes, elle gagne un carrosse qui étoit au-delà du pont, avec lequel, accompagnée de huit personnes, elle se rendit à Montrichard, à six grandes lieues de là, où elle rencontra le cardinal de La Valette, lors archevêque de Toulouse, avec trente ou quarante gentilshommes qui l’accompagnèrent jusqu’à Loches, sur le chemin duquel elle fut reçue du duc d’Epernon, assisté de deux cents chevaux.

Le sieur de Luynes, après avoir reçu les lettres du duc d’Epernon, par lesquelles il sut son partement de Metz, ne tarda guère à recevoir celles que la Reine lui