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écrivit de Loches, par lesquelles il apprit la sortie de Sa Majesté hors de Blois ; ce qui lui fut une nouvelle qui tempéra bien la joie qu’il recevoit du mariage du prince de Piémont, qui avoit été accompli le 10 de février, avec madame Christine, et lequel il avoit traité sans en donner aucune part à la Reine-mère, espérant par cette alliance se fortifier contre elle.

La lettre que la Reine écrivit au Roi étoit datée de Loches du 23 de février, par laquelle elle lui représentait premièrement la nécessité qui l’avoit obligée à ce qu’elle avoit fait, laquelle elle disoit être la longue oppression de son honneur et de sa liberté, et la raisonnable appréhension de sa vie, mais plus que tout encore la mauvaise conduite de ses affaires, et le péril auquel se trouvoit son État, dont elle le vouloit informer, se mettant premièrement en lieu sûr afin d’en avoir plus de liberté, le péril étant si présent que le délai eût apporté de l’impossibilité aux remèdes, qui étoient encore lors sûrs et honorables. En quoi elle avoit choisi le duc d’Epernon pour l’assister, suivant ce que le feu Roi, sur ses derniers jours, lui avoit commandé de se confier entièrement en sa probité ès plus importantes affaires ; suppliant Sa Majesté de lui prescrire le moyen et la forme qu’il lui plaît qu’elle tienne pour l’informer des choses dont elle a à l’avertir ; ce qu’elle veut faire sans haine et sans ambition, protestant ne vouloir prendre aucune part au gouvernement, auquel elle a éprouvé trop de péril et de déplaisir, lorsqu’en son bas âge elle s’en est mêlée selon l’obligation qu’elle y avoit, et n’en désiroit aucune autre que la gloire de le bien voir gouverner son royaume par lui-même, et en-