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tendre un chacun, content de son règne, louer ses vertus en tel lieu qu’il voudra qu’elle achève ses jours.

Elle en écrivit une autre à peu près de pareil style au prince de Piémont.

Le duc de Luynes et ses adhérens surent par ces lettres la sortie de la Reine avec un grand étonnement, sur les divers avis que l’on leur avoit donnés de ce dont ils virent l’événement.

Ils avoient pris résolution, à ce que le duc de Chaulnes m’a dit plusieurs fois depuis, de mener le Roi à Blois, sous prétexte de visiter la Reine, pour en effet la mener honnêtement au château d’Amboise, où il étoit arrêté qu’elle demeureroit à l’avenir sous bonne et sûre garde, ou l’envoyer à Moulins s’ils n’eussent pu se garantir des jalousies que Loches et l’Angoumois leur donnoient, quelque soin qu’ils pussent avoir de sa personne.

La Reine ne fut pas sitôt sortie de Blois, que le conseil du Roi, étonné, ne songeât à tous les expédiens par lesquels ils pourroient se garantir de l’orage qu’ils prévoyoient devoir être beaucoup plus grand qu’il ne fut pas. Dès lors les favoris commencèrent à jeter feu et flamme contre Russelay, qu’ils estimèrent auteur de la négociation qui avoit produit la délivrance de la Reine, envoyèrent, sous le nom du Roi, par toutes les provinces commander aux gouverneurs et aux villes de se tenir sur leurs gardes, donnèrent force commissions pour lever des gens de guerre, et se résolurent de terminer cette affaire par la voie des armes.

Le Roi, cependant, pour découvrir les sentimens du duc de Bouillon, et l’obliger en quelque façon,