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lui écrivit pour lui demander son conseil en cette occurrence ; lequel, avec dextérité, lui manda d’assoupir ce mécontentement par remèdes doux et bénins, et ne troubler la paix de son royaume en un temps où elle étoit si bien établie et si chérie de ses sujets, sachant qu’il y en a beaucoup qui offrent leurs services pour avoir de quoi desservir ; qu’il vît paisiblement ce que la Reine a à lui remontrer pour le bien de son État ; qu’il seroit juge et de la sincérité et de l’importance de ses avis, et départiroit la récompense ou la punition selon qu’un chacun l’auroit mérité. Après avoir gardé la lettre de la Reine quinze jours entiers pour la tenir d’autant plus long-temps en suspens et en incertitude de la volonté du Roi, et bien concerté ce qui étoit à propos d’y répondre, le Roi lui manda, le 12 de mars, qu’il étoit sur le point de partir pour l’aller voir quand ses lettres lui arrivèrent ; qu’il châtieroit l’injure qui avoit été faite à Leurs Majestés en l’action de son enlèvement de Blois par ceux qui cherchent leur avantage dans la ruine des peuples et dans la diminution de son autorité ; qu’il voit bien que la lettre qu’elle lui a écrite lui a été dictée par le duc d’Epernon, et que ce qu’elle lui mande de l’opinion en laquelle l’avoit confirmée le feu Roi est tout contraire à ce qu’elle lui en avoit dit plusieurs fois, et qu’elle avoit souvent éprouvé elle-même ; au reste, que blâmer ceux qui sont auprès de lui c’est le blâmer lui-même, pour ce que les résolutions de son conseil partent de son jugement, après avoir ouï ceux-là mêmes qui conseilloient le feu Roi ; qu’aussi lui avoit-elle souvent mandé qu’elle louoit Dieu de la sage et heureuse