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des sceaux, je l’avois suppliée de n’en disposer point en ma faveur.

Aussitôt qu’ils surent cette réponse ils crurent que j’avois quelque appréhension, et le duc d’Epernon, par personnes interposées, me fit dire que je serois bien mieux en mon évêché que de demeurer auprès de la Reine, pour m’y attirer tant d’ennemis comme je faisois.

Je répondis à celui qui me faisoit ce discours, avec autant de civilité comme en apparence il en avoit assaisonné le sien, que je croyois que, en quelque lieu que seroit la Reine, elle seroit la maîtresse ; qu’il étoit important au duc d’Epernon de le faire voir ; que j’étois venu la trouver à Angoulême sans y désirer autre aveu que le sien, que je prétendois y demeurer de la sorte, si elle l’avoit l’agréable, sans vouloir contraindre ceux qui ne me voudroient pas aimer à forcer leur humeur ; que j’estimois pouvoir n’être pas inutile à ceux qui me départiroient leur bienveillance.

Deux jours se passent sans que j’entendisse aucune nouvelle des nouveaux complots qui se faisoient ; mais le troisième ne s’écoula pas sans que la Reine reçût une nouvelle proposition de m’exclure de son conseil. Elle s’en défendit fortement, témoignant trouver d’autant plus mauvais cette ouverture, que je n’y étois entré qu’à leur prière ; mais j’estimai qu’il falloit encore suivre le nouveau changement de leur humeur, à quoi Sa Majesté condescendit enfin, quoique avec grande peine.

Pendant ces divisions de cabinet, le comte de Schomberg, qui étoit arrivé, comme j’ai dit ci-dessus,