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amitié, cette lâcheté emporta Barbin à lui dire, sans considération du lieu où il étoit encore, que, quelque misérable qu’il fût, il renonçoit à leur amitié, qui ne pouvoit être guère grande en une cruauté si barbare qu’étoit la leur ; que c’étoit agir avec bien peu de courage de flatter de paroles celui dont ils machinoient la mort ; qu’ils l’avoient ainsi traité, et que, tandis qu’ils faisoient solliciter tous les juges contre lui, ledit Brantes lui disoit plusieurs fois qu’il n’auroit point de mal, et qu’on ne l’interrogeoit et faisoit son procès que pour avoir des lumières pour les procès qu’on vouloit parfaire aux autres.

On le mena le jour même chez le chevalier du guet, chez lequel il demeura deux jours seulement, durant lesquels il reçut plusieurs courriers du sieur de Luynes qui le pressoient de le faire sortir sans délai hors du royaume, tant ils étoient et de peu de courage et de peu de connoissance, qu’ils avoient peur de lui en ce misérable état où il étoit. J’avois donné ordre à un homme de lui bailler de la part de la Reine l’argent qui lui étoit nécessaire pour faire son voyage ; mais son départ fut si pressé qu’il fut contraint d’emprunter de l’argent, lequel fut rendu incontinent après.

La Reine cependant se prépare à satisfaire au désir qu’elle avoit dès long-temps de se voir avec le Roi son fils : elle l’avertit du dessein de son voyage, et convie le sieur de Montbazon, qui la devoit venir querir, de s’avancer. Luynes, de sa part, la sollicite en apparence de venir, et lui dépêche, au nom du Roi, le sieur de Marossan pour la prier de se trouver à Paris au retour du voyage du Roi à Compiègne, pour