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offensée, puisque lui étant obligé, comme il est, du soin et des peines qu’elle a pris en l’administration de ses affaires, et en faisant profession publique de le reconnoître, l’ayant toujours louée, et la louant encore aux occasions de son affection au bien de son État, il est certain qu’il n’y a personne en ce royaume qui en puisse avoir autre impression ; ce qui lui donne juste sujet de croire que M. le prince n’a nul dessein de lui déplaire ; qu’il sait trop bien l’honneur et le respect qui lui est dû, et combien il aura toujours agréable de le voir dans les mêmes sentimens que les siens.

En cette réponse les intentions du Roi lui sont si favorablement représentées, qu’il ne lui restoit rien à souhaiter, sinon qu’elles fussent aussi publiques qu’elles lui étoient particulières. Mais, bien que la réparation ne fût pas égale à l’offense, elle ne laisse pas de voir que le cœur du Roi est bon pour elle.

De ce déplaisir je pris occasion de lui faire connoître combien sa présence étoit nécessaire dans la cour, les avantages que tiroient ses ennemis de son éloignement, et que les inclinations du Roi étant bonnes pour elle, si elle avoit la liberté de le voir, ceux qui lui veulent mal seroient contraints de céder aux efforts de la nature. Mais bien que cette opinion fût la meilleure, elle fut peu suivie.

Chanteloube, qui ne m’étoit pas ami, et qui étoit ennemi découvert de ce conseil, ne perdit point de temps à me donner de l’exercice. Chez lui étoit le bureau des nouvelles, dont les moindres figuroient à la Reine le Roi irréconciliable, mettoient sa liberté en compromis, et ne lui faisoient voir que mépris pour elle dans sa cour, et salut dans les armes.