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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

barricades, et elle n’y revint qu’après un accommodement que le parlement fit avec la Reine-mère, mais véritablement qu’il fit de la manière qu’il voulut : ce qui impatienta fort le ministre, et la Reine encore davantage. Aussi dès que le parlement se rassembla, ce qui fut vers la Saint-Martin, les cabales recommencèrent, et plus fortement et en plus grand nombre que jamais : sur quoi la cour prit la résolution de bloquer Paris. Mais, avant que de parler de ce blocus, je veux rapporter les noms des grands seigneurs qui vinrent s’offrir au parlement, et dire en même temps quelque chose de leurs motifs et de leurs caractères.

[1649] L’on s’étonnera sans doute que madame de Longueville ait été une des premières, elle qui n’avoit rien à espérer de ce côté-là ni rien à craindre, et qui n’avoit aucun sujet de se plaindre de la cour.

Pour ce qui est de M. le prince, quoiqu’il eût paru prendre quelque sorte d’engagement avec le parlement, et qu’il eût même consenti à une espèce de négociation qui fut traitée pour lui par M. de Châtillon, et pour le parlement par le président Viole, ce fut pourtant toujours sans dessein de prendre d’autre parti que celui de la cour. Tout ce qu’il parut faire contre elle ne fut d’abord que pour se venger du cardinal Mazarin, qui l’avoit engagé au siége de Lerida[1], sur la parole qu’il lui avoit donnée de lui fournir beaucoup plus de troupes et de munitions qu’il ne lui en envoya, et qui, par son manquement de parole, le força à lever ce siége, n’ayant ni assez

  1. Au siége de Lerida : Le prince avoit été obligé de lever ce siége le 17 juin 1647.