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DE LA DUCHESSE DE NEMOURS. [1649]

naturelle, le parlement ne l’ayant pu souffrir le prit encore plus haut que lui : ce que ce prince souffrit à son tour si impatiemment qu’il fit un signe de main en forme de menace à un de ces messieurs qui se nommoit Quatre-Sous. Sur quoi ce conseiller s’écria que M. le prince venoit de le menacer : ce qui fit murmurer le parlement, à qui Quatre-Sous en demanda justice. Mais ceux qui étoient les plus attachés à M. le prince dirent, pour l’excuser, que c’étoit son geste ordinaire, et non pas une menace. À quoi Quatre-Sous répondit d’un air insolent que si c’étoit son geste il devoit s’en corriger comme d’un fort vilain geste : dont M. le prince fut si offensé qu’il fit sa propre querelle de celle du cardinal Mazarin avec le parlement.

M. de Bouillon s’engagea dans les intérêts du parlement, sur le prétexte que la cour ne l’avoit point. dédommagé de la souveraineté de Sedan[1], dont il prétendoit avoir été dépouillé par le feu Roi : quoique bien des gens aient assuré que son père l’avoit usurpée. par artifice, ne s’en étant fait faire la donation par celle qui en étoit la vraie héritière qu’en lui tenant la main après sa mort, et en lui faisant signer cette donation comme si elle avoit été encore en vie. Au moins voilà ce qu’on en disoit en ce temps-là : du reste, je ne voudrois pas l’avoir assuré.

Mais pour continuer de rapporter ici les motifs qui engagèrent M. de Bouillon à se déclarer contre la

  1. De la souveraineté de Sedan : Le duc de Bouillon avoit été dépouillé de cette souveraineté pour avoir pris part à des conspirations contre le cardinal de Richelieu. Elle lui venoit de son père Henri de La Tour-d’Auvergne, vicomte de Turenne, à qui Henri iv avoit fait obtenir la main de Charlotte de La Marck, unique héritière de cette principauté.
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