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[1649] MÉMOIRES

cour, ce duc prétendoit, en se mettant à la tête d’un parti considérable qu’il croyoit commander en chef, pouvoir plus facilement se faire faire justice de ses droits. D’autres ont cru que, de concert avec M. de Turenne son frère, il avoit dessein de faire de la France ce que le prince Maurice de Nassau avoit fait de la Hollande. Mais il n’y a guère d’apparence qu’un dessein si vague, si extravagant et d’une exécution si difficile, ait pu entrer en d’aussi bonnes têtes que celles de MM. de Bouillon et de Turenne.

Il est bien plus vraisemblable que M. de Bouillon prit le parti de Paris, persuadé qu’il y feroit le principal personnage ; mais, s’étant vu privé de cette espérance, il feignit d’avoir la goutte dans toutes les occasions où l’on avoit besoin de lui. Il s’aperçut donc qu’il étoit moins considéré dans son parti que ne lui avoit fait espérer le poste où il voyoit M. de Turenne son frère, lequel commandoit cette grande armée[1] qu’Hervart avoit gagnée pour la cour à force d’argent. Mais ce qui augmenta encore son dégoût pour le parti du parlement fut de se voir en concurrence avec MM. d’Elbœuf, de Beaufort et le maréchal de La Mothe, sans compter M. le prince de Conti, qui étoit encore au-dessus de tous ces chefs.

Cette concurrence entre tant de commandans fut un effet de la politique du parlement. Selon quelques-uns, il vouloit faire croire à chacun des prétendans qu’il étoit le premier, afin d’engager un plus grand nombre de personnes du premier rang ; et selon d’au-

  1. Cette grande armée : C’étoient les troupes weymariennes que Turenne se flattoit de pouvoir conduire au secours des frondeurs. Elles demeurèrent fidèles au Roi, et Turenne fut obligé de fuir en Allemagne.