Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
420
[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES avoit été, qu’on auroit eu peine à s’imaginer que les mêmes gens eussent pu devenir en si peu de temps si dissemblables d’eux-mêmes. On ne s’y entretenoit plus que de la guerre, du prix de la farine et de l’édit de 1617, qui excluoit du gouvernement tous les étrangers ; on n’y parloit plus que d’affaires d’Etat, de quelque âge et de quelque sexe que l’on fût. Plus on avoit d’ignorance, plus on décidoit hardiment. Mais dans ce caprice général où l’on étoit de ne parler que de choses sérieuses, importantes et solides, on y avoit pourtant si de solidité dans l’exécution, que presque perpen sonne

ne s’avisa de traiter de chose importante la témérité qu’il y avoit d’oser soutenir la guerre contre l’autorité royale.

Ce qui fit dire à M. le prince que cette guerre pe pouvoit être bien décrite qu’en vers burlesques, parce qu’on y passoit les jours entiers à se moquer les uns des autres.

Dans le parlement, on n’y traitoit point les affaires avec plus de dignité ni avec plus de gravité. Lorsqu’on y proposoit un avis pour la cour, au lieu de tâcher d’y répondre avec de meilleures raisons que celles qu’on proposoit, on n’y répondoit jamais que par de longues huées semblables à peu près à celles que font les laquais à la porte du Cours ou de la comédie ; et c’étoit là proprement ce que l’on appeloit fronder. Ce mot a eu cependant encore une autre origine, qui étoit celle de la guerre que la canaille s’entrefaisoit à coups de pierre dans les faubourgs et dans les fossés de Paris avec des frondes, à laquelle on comparoit celle de Paris, qui se faisoit par des bourgeois qui n’en connoissoient point d’autres. Et l’on com-