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[1649] MÉMOIRES

[1649] MÉMOIRES paru à la place Dauphine dès les trois ou quatre heures après midi ; et quand on leur demanda ce qu’ils faisoient là, ils répondirent que c’étoit M. de. Beaufort qui les y avoit envoyés. Aussi paroissoit-il qu’ils se vouloient montrer ; car il n’étoit pas besoin qu’ils vinssent là de si bonne heure pour tuer M. le prince, qui ne s’en retournoit jamais qu’à deux heures après minuit. D’un autre côté, ce qui faisoit contre les frondeurs. étoit que, bien qu’on ne crût pas M. de Beaufort capable d’un assassinat de cette nature, on n’avoit pas la même opinion du coadjuteur qui ne lui disoit pas. tous ses desseins, et aussi de ce qu’on avoit vu plușieurs mouvemens de la part des frondeurs, comme ceux de Joli et de La Boulaye : et l’on accusoit même le dernier d’avoir tiré le coup qui tua le laquais de Duras. On avoit peine à croire que ce fût le cardinal qui eût voulu faire assassiner M. le prince, puisque c’étoit lui qui en avoit donné l’avis : outre qu’il n’étoit point de l’humeur dont on soupçonne quelques gens de son pays, ni pour la vengeance, ni pour le meurtre, ni pour le poison. Ce qui se disoit encore là-dessus, et dont on a été le plus persuadé dans la suite, c’est que ce cardinal avoit voulu faire croire cet assassinat à M. le prince pour le rendre irréconciliable avec les frondeurs et le perdre plus aisément, comme il fit. M. de Beaufort et le coadjuteur allèrent faire compliment à M. le prince sur son prétendu assassinat, sans témoigner savoir qu’on les en accusât. Mais sitôt qu’il sut qu’ils montoient son escalier, il quitta brusquement la compagnie, et alla s’enfermer dans son cabinet ; et, après les avoir fait attendre long-temps, il leur manda qu’il ne pouvoit les voir. Ensuite de quoi