Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/26

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tra par toutes ses actions qu’elle vouloit donner son entière confiance an cardinal Mazarin. Il étoit capable de plaire par son esprit adroit, fin et habile à l’intrigue, et par une manière d’agir pleine de douceur, fort éloignée de la rigueur du règne précédent, et fort accommodante à la bonté naturelle de la Reine. On a cru qu’il n’étoit point digne de l’estime de cette princesse ; mais il est vrai néanmoins qu’il avoit de louables qualités qui ont eu le pouvoir de réparer fortement les défauts qui étoient en lui, et qui, joints à l’envie y l’ont fait haïr et mépriser des peuples et de beaucoup d’honnêtes gens.

La Reine eut donc raison d’estimer la beauté de son esprit, sa capacité, et les marques qu’il lui donna de sa modération. Elle crut facilement qu’il étoit vertueux : en toutes choses, parce qu’il n’avoit point de vice apparent, ni de mauvaises qualités quelle pût connoître alors ; et quoiqu’elle en jugeât un peu trop favorablement, la différence infinie qu’il y avoit de lui à l’évêque de Beauvais fait que la Reine doit être louée d’en avoir su faire le discernement.

La cour en cet état, la faveur étoit encore dispersée : car, aux yeux du public, elle ne paroissoit pas aussi fixée qu’elle l’étoit en effet, à cause du grand bruit que les princes de Vendôme faisoient encore. Mais cet éclat n’avoit plus de force qu’en l’audace démesurée du duc de Beaufort, qui, jeune, bien fait, et qui avoit beaucoup d’amis, avec une mine altière, paroissoit vivre à la mode des favoris. On ne pouvoit pas non plus s’imaginer que la Reine pût abandonner sitôt ceux qu’elle avoit aimés et considérés jusqu’alors avec tant de marques d’une véritable amitié. Le car-