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DU CARDINAL DE RETZ.

fois aux provinces qu’il n’y avoit rien de plus assuré. Sur le point de la décision, il changea tout à coup, et il me fit presser par la Reine de tourner l’affaire d’un biais qui m’auroit infailliblement déshonoré. Je n’oubliai rien pour le faire rentrer dans lui-même ; je me conduisis avec une patience qui n’étoit pas de mon âge : je la perdis au bout d’un mois, et je me résolus de rendre compte aux provinces de tout le procédé, avec toute la vérité que je devois à ma conscience et à mon honneur. Comme j’étois sur le point de fermer la lettre circulaire que j’écrivois pour cet effet, M. le duc entra chez moi : il la lut, il me l’arracha, et me dit qu’il vouloit finir cette affaire. Il alla trouver à l’heure même M. le cardinal ; il lui en fit voir les conséquences, et j’eus mon expédition[1].

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Il me semble que je vous ai déjà dit, en quelque endroit de ce discours, que les quatre premières années de la régence furent comme emportées par le mouvement de rapidité que M. le cardinal de Richelieu avoit donné à l’autorité royale. M. le cardinal Mazarin son disciple, et de plus né et nourri dans un pays où celle du Pape n’a point de bornes, crut que le mouvement de rapidité étoit le naturel ; et cette méprise fut l’occasion de la guerre civile. Je dis l’occasion : car il en faut, à mon avis, rechercher et reprendre la cause de bien plus loin.

Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois : mais ces rois n’ont pas toujours été absolus comme ils le sont aujourd’hui. Leur autorité n’a jamais été réglée, comme celle des rois d’Angleterre

  1. Il y a cinq feuillets arrachés. (A. E.)