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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

Mazarin le releva. Il fit refuser par la Reine audience aux gens du Roi : ils revinrent dès le soir à Paris, convaincus que la cour vouloit pousser les choses à l’extrémité.

Je vis mes amis toute la nuit : je leur montrai les avis que j’avois reçus de Saint-Germain, qui étoient que M. le prince avoit assuré la Reine qu’il prendroit Paris en quinze jours ; et que M. Le Tellier, qui avoit été procureur du Roi au châtelet, et qui par cette raison devoit avoir connoissance de la police, répondoit que la cessation de deux marchés affameroit la ville. Je jetai par là dans les esprits l’opinion de l’impossibilité de l’accommodement, qui n’étoit dans la vérité que trop effective.

Les gens du Roi firent le lendemain au matin leur rapport du refus de l’audience. Le désespoir s’empara alors de tous les esprits, et l’on donna tout d’une voix (à la réserve de Bernay, plus cuisinier que conseiller) ce fameux arrêt du 8 janvier 1649, par lequel le cardinal Mazarin fut déclaré ennemi du Roi et de l’État, perturbateur du repos public ; et enjoint à tous les sujets du Roi de lui courir sus. L’après-dînée l’on tint la police générale par les députés du parlement, de la chambre des comptes et de la cour des aides ; M. de Montbazon, gouverneur de Paris, le prévôt des marchands, les échevins, et les communautés des six corps des marchands. Il fut arrêté que le prévôt des marchands et les échevins donneroient des commissions pour lever quatre mille chevaux et dix mille hommes de pied. Le même jour la chambre des comptes et la cour des aides députèrent vers la Reine pour la supplier de ramener le