Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
notice

Au moment où il étoit encore indécis sur l’usage qu’il feroit de cette lettre, Innocent x mourut (7 janvier 1655), et Retz entra dans le conclave, où il espéra que de nouvelles chances pourroient lui être favorables. Cependant, malgré les talens qu’il croyoit avoir pour la politique, il ne joua qu’un rôle peu important dans cette assemblée. Le cardinal Chigi fut élu pape, avec le consentement de la France, et prit le nom d’Alexandre vii. Retz, toujours présomptueux, se vanta d’avoir puissamment contribué à l’élection, « quoique, dit Joly, dans le fond il n’en fût rien ; » et les propos qu’il tint à ce sujet indisposèrent contre lui le nouveau Pape, qui, comme secrétaire d’État, lui avoit auparavant témoigné quelque intérêt.

D’autres torts rendirent sa position encore moins favorable à la cour de Rome. Sans avoir pris les ordres du Pape, il adressa aux évêques de France la circulaire de messieurs de Port-Royal : on en fit courir à Paris un grand nombre de copies ; elle excita quelque rumeur, et fut brûlée par la main du bourreau. Non content de cette démarche, et malgré les ordres précis du Roi, qui vouloit que le chapitre de Notre-Dame gouvernât le diocèse, il nomma deux grands vicaires, choisis parmi les jansénistes les plus ardens ; et il accompagna cette nomination d’une lettre aux chanoines presque aussi violente que la circulaire destinée aux évêques. Le Pape, éclairé enfin sur ses sentimens et sur ses liaisons, lui témoigna de la froideur, et parut désirer qu’il négociât avec Mazarin. Ce fut ce qui l’empêcha de compléter l’exécution de ses projets séditieux, par la mise on interdit de l’églisz de Paris : démarche à laquelle il étoit depuis