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notice

sur lui de mettre de l’ordre et de l’économie dans sa dépense.

Il passa dans la ville de Constance tout l’hiver de 1656 à 1657, puis il fit de courts séjours à Ulm, à Ausbourg et à Francfort. Suivi dans toutes ces villes par les espions de Mazarin, et craignant d’être enlevé et ramené en France, où Louis xiv menaçoit de lui faire faire son procès, il prit le parti d’aller en Hollande. Ce pays lui offrit tous les plaisirs dont il étoit avide depuis qu’il avoit quitté Besançon : on y jouissoit d’une grande liberté, la diversité des religions y avoit apporté beaucoup de relâchement dans les mœurs, et chacun pouvoit, sans craindre aucune censure, adopter le genre de vie qui lui convenoit. Il auroit été fort satisfait d’une existence où ses goûts n’éprouvoient point de contrariété, s’il n’eût été frappé d’une maladie « qu’il ne gagna pas, dit Joly, en lisant son bréviaire. » Après son rétablissement, il sortit un moment de sa léthargie pour écrire un pamphlet qui fit beaucoup de bruit en Europe (1658). Mazarin ayant traité avec Cromwell, et s’étant engagé à lui remettre Mardick et Dunkerque, Retz s’éleva d’une manière très-vigoureuse contre cette transaction qui avoit quelque apparence de foiblesse, et publia des Remontrances adressées au Roi, sur la remise des places maritimes de la France entre les mains des Anglais. Dans cette circonstance, la conduite de Mazarin paroissoit justifiée par la politique : car l’Espagne faisoit au protecteur de l’Angleterre des offres encore plus avantageuses.

Il se rendit ensuite à Bruxelles pour se concerter avec le prince de Condé, dont il s’étoit montré si long-