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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

Je ne sais pas la raison pour laquelle le premier président s’attira, même contre les formes, cette répétition d’avis du rapporteur ; mais je sais bien qu’on ne lui en voulut pas de mal au Palais-Royal, et d’autant plus que le cardinal fut nommé dans cette répétition.

Le 18, la nouvelle arriva que le maréchal Du Plessis avoit gagné une grande bataille[1] contre M. de Turenne ; que le dernier, qui venoit au secours de Rethel, et qui l’avoit trouvé déjà rendu au maréchal Du Plessis par Delliponti, qui y commandoit la garnison espagnole, s’étant voulu retirer, avoit été forcé de combattre dans la plaine de Saumepuis ; qu’il s’étoit sauvé à toute peine lui cinquième, après y avoir fait des merveilles ; qu’il y avoit eu plus de deux mille hommes tués sur la place, du nombre desquels étoit un des frères de l’électeur palatin, et six colonels, et près de quatre mille prisonniers, entre lesquels étoit don Estevan de Gamarre, la seconde personne de l’armée ; Boutteville, qui est aujourd’hui M. de Luxembourg ; le comte de Bossu, le comte de Quintin-Haucourt, Sensy, le chevalier de Jarzé, et tous les colonels. On ajoutoit que l’on avoit pris vingt drapeaux et quatre-vingt-quatre étendards. Vous ne doutez pas de la consternation du parti des princes. Je n’eus toute la nuit chez moi que des pleurs et des désespérés. Je trouvai Monsieur atterré.

Le 19, j’allai au Palais, où les chambres se devoient assembler. Le peuple me parut, dans les rues, morne, abattu et effrayé. Je connus dans ce moment

  1. Avoit gagné une grande bataille : Le maréchal Du Plessis avoit pris Rethel le 13 décembre. Turenne qui étoit venu au secours de cette place, crut devoir hasarder une bataille. Il fut vaincu le 15.