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[1651] MÉMOIRES

Roi lui donnoit sa foi et sa parole de faire tenir les États-généraux le premier d’octobre. Je sais bien qu’on n’avoit pas le dessein de l’exécuter : mais je n’ignore pas aussi que si Monsieur et M. le prince se fussent unis ensemble pour le faire exécuter, comme il étoit dans le fond de leur intérêt, il se fût trouvé, par l’événement, que les ministres se fussent attiré sans nécessité, pour une bagatelle, celui de tous les inconvéniens qu’ils ont toujours appréhendé le plus. L’autre, qu’ils hasardèrent par cette conduite, fut qu’il ne tint presque à rien que Monsieur ne prît la protection de cette assemblée malgré moi ; et s’il l’eût fait dès le commencement, comme je le vis sur le point de le faire, la Reine, contre son intérêt et son intention, qui conspiroient ensemble à diviser Monsieur d’avec le prince, les eût unis davantage par un éclat qui, étant fait dès les premiers jours de la liberté, eût entraîné, de nécessité, le délivré dans le parti du libérateur. Le temps donne des prétextes, il donne même quelquefois des raisons qui sont des manières de dispenses pour les bienfaits ; et il n’est jamais sage, dans la nouveauté, d’en presser la méconnoissance.

La Vieuville et de Sourdis[1], secondés par Montrésor, qui depuis la disgrâce de La Rivière avoit repris assez de créance auprès de Monsieur, le piquèrent un jour si vivement sur l’ingratitude que le parlement lui témoignoit, en s’opiniâtrant à vouloir dissiper une assemblée qui s’étoit formée sous son autorité, qu’il leur promit que s’ils continuoient le lendemain, il déclareroit à la compagnie qu’il s’en al-

  1. Charles d’Escoublan marquis de Sourdis, mort en 1666. (A. E.)