Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle s’écria de son fausset, et du plus aigre : « Toujours pour moi à l’avenir, toujours contre moi pour le présent. » Elle menaça ensuite, elle tonna après : Monsieur s’ébranla. Il ne se rassura pas à son logis, où il ne fut pas plutôt arrivé que Madame lui dit tout ce que la fureur lui suggéra. Je ne contribuai pas à lui cacher les abîmes que Madame lui faisoit voir ouverts. Ce dont Chavigny lui avoit fait plus d’horreur étoit la haine du peuple, qu’il lui avoit montrée comme inévitable, s’il paroissoit le moins du monde ne pas convenir avec M. le prince, dont tous les pas étoient directement contre le cardinal. Madame, qui n’ignoroit pas la délicatesse ou plutôt la foiblesse qu’il avoit sur ce point, dont on lui faisoit des monstres à tous momens, lui proposa de faire en sorte que la Reine donnât de nouvelles espérances au parlement, et de la déclaration contre le cardinal, et de la durée pour toujours de l’éloignement des sous-ministres. Monsieur ajouta : « Et de la sûreté de M. le prince. » Madame, à qui il avoit témoigné cent et cent fois qu’il n’appréhendoit rien tant au monde que son retour, s’emporta à ce mot, et elle lui représenta qu’il sembloit qu’il prît plaisir à agir incessamment et contre ses intérêts et contre ses vues. La conclusion fut qu’il étoit encore engagé pour cette fois, et qu’il en falloit sortir ; et qu’après cette assemblée, à laquelle il n’avoit pu refuser à M. le prince de se trouver, il iroit infailliblement à Limours songer à sa santé ; et que ce seroit à M. le prince à démêler ses affaires comme il le jugeroit à propos. Il ajouta aussi que c’étoit à la Reine de faire dire de son côté au parlement ce qui le pouvoit empêcher d’ajouter foi aux apparences fa-