Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/411

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pouvoit arriver étoit d’avoir l’avantage sur M. le prince ; et ce mieux se fût terminé, s’il eût péri, à passer pour assassin du premier prince du sang, à être immanquablement désavoué par la Reine, et à donner tout le fruit de mes peines et de mes périls au cardinal par l’événement, qui ne manque jamais de tourner en faveur de l’autorité royale tous les désordres qui passent jusqu’au dernier excès. Voilà ce que mes amis, au moins les sages, me représentoient ; voilà ce que je me représentois à moi-même. Mais quel moyen, quel remède, quel expédient pour se tirer d’un embarras où l’on a eu raison de se jeter, et où l’engagement en fait une seconde, qui est pour le moins aussi forte que la première ? Il plut à la Providence d’y donner ordre. Monsieur, accablé des cris de Paris qui courut d’effroi au palais d’Orléans, mais plus pressé encore par sa frayeur, qui lui fit croire qu’un mouvement aussi général que celui qui avoit failli d’arriver ne s’arrêteroit pas au Palais ; Monsieur, dis-je, fit promettre à M. le prince qu’il n’iroit le lendemain que lui sixième au Palais, pourvu que je m’engageasse à n’y aller qu’avec un pareil nombre de gens. Je suppliai Monsieur de me pardonner si je ne recevois pas ce parti, et parce que je manquerois, si je l’acceptois, au respect que je devois à M. le prince, avec lequel je savois que je ne devois faire aucune comparaison, et parce que je n’y trouvois aucune sûreté pour moi : ce nombre de séditieux qui criailloient contre moi n’ayant point de règles, et ne reconnoissant point de chef ; que ce n’étoit que contre ces sortes de gens que j’étois armé ; que je savois le respect que je devois à M. le prince ; qu’il y avoit si