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madame de Longueville plus que madame de Châtillon et M. de La Rochefoucauld n’eussent voulu. M. le prince crut qu’il avoit engagé dans son parti M. de Longueville, dans la conférence qu’il eut avec lui à Trie : ce qui n’eut pourtant aucun effet, M. de Longueville étant demeuré à Rouen. Le mouvement que les troupes commandées par le comte de Tavannes du côté de Stenay firent par l’ordre de M. le prince, après qu’il eut quitté la cour, ne fut guère plus considérable : le comte de Grand-Pré qui avoit quitté par un mécontentement le service de M. le prince, leur ayant donné une même crainte auprès de Villefranche, et une autre auprès de Givet.

La désertion de Marsin[1] dans la Catalogne fut, en récompense, d’un très-grand poids. Il commandoit dans cette province lorsque M. le prince fut arrêté. Comme on le connoissoit pour être son serviteur très-particulier, on ne jugea pas à la cour qu’il fût à propos d’y prendre confiance : on envoya ordre à l’intendant de se saisir de sa personne. Il fut remis en liberté aussitôt après celle de M. le prince, et il fut rétabli même dans son emploi. Quand M. le prince se retira de la cour après sa prison, et qu’il prit le chemin de Guienne, la Reine pensa à gagner Marsin, et elle lui envoya les patentes de vice-roi de Catalogne, qu’il avoit passionnément souhaitées, en y ajoutant toutes les promesses imaginables pour l’avenir. Comme il avoit été averti à temps de la sortie et de la résolution de M. le prince, il appréhenda le même traitement qu’il avoit reçu l’autre fois. Il quitta la Catalo-

  1. Marsin : Jean-Gaspard-Ferdinand, comte de Marsin, mort au service d’Espagne en 1673.