Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/437

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gne avant qu’il eût reçu les offres de la Reine ; et il se jeta dans le Languedoc avec Baltons, Lussan, Mont-Pouillan, le Marcousse, et ce qu’il put débaucher de ses troupes. Cette désertion donna un merveilleux avantage aux Espagnols dans cette province, et l’on peut dire qu’elle en a coûté la perte à la France.

M. le prince ne s’endormoit pas du côté de Guienne : il engagea toute la noblesse dans son parti. Le vieux maréchal de La Force se déclara même pour lui ; et le comte Du Dognon, gouverneur de Brouage, qui tenoit toute sa fortune du duc de Brezé, crut être obligé d’en témoigner sa reconnoissance à madame la princesse, qui étoit sœur de son bienfaiteur. On n’oublia pas de rechercher l’appui des étrangers. Lenet[1] fut envoyé en Espagne, où il conclut le traité de M. le prince avec le roi Catholique ; et M. l’archiduc, qui commandoit dans les Pays-Bas, et qui venoit de prendre Bergue. Saint-Vinox, fit de son côté des préparatifs qui coûtèrent dans la suite Dunkerque et Gravelines à la France, et qui obligèrent dès ce temps-là la cour à tenir sur la frontière une partie des troupes, qui eussent été d’ailleurs très-nécessaires en Guienne. Ces nuées ne firent pas tout le mal, au moins pour le dedans du royaume, que leur grosseur et leur noirceur en pouvoient faire appréhender. M. le prince ne fut pas servi dans ses levées comme sa qualité et sa personne le méritoient. Le maréchal de La Force n’en usa pas en son particu-

  1. Lenet : Pierre, procureur général près le parlement de Dijon. Il fut l’un des serviteurs les plus habiles et les plus zélés du prince de Condé. Mort en 1671. Ses Mémoires font partie de cette série.