Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/470

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dont la cour se devoit conduire à l’égard du parlement. Les uns soutenoient qu’il le falloit ménager avec soin, et les autres prétendoient qu’il étoit plus à propos de l’abandonner à lui-même : ce fut le mot dont Brachet se servit en parlant à la Reine. Il lui avoit été inspiré et dicté par Menardeau-Champré, conseiller de la grand’chambre et homme de bon sens, qui avoit donné charge de dire à la Reine de sa part que le mieux qu’elle pouvoit faire étoit de laisser tomber à Paris toutes choses dans la confusion, qui sert toujours au rétablissement de l’autorité royale, quand elle vient jusqu’à un certain point ; qu’il falloit pour cet effet commander à M. le premier président d’aller faire sa charge de garde des sceaux à la cour ; y appeler M. de La Vieuville avec tout ce qui avoit trait aux finances ; y faire venir le grand conseil, etc. Cet avis qui étoit fondé sur les indispositions que l’on croyoit qu’un abandonnement de cet éclat produiroit dans une ville où l’on ne peut désavouer que tous les établissemens ordinaires n’aient un enchaînement même très-serré les uns avec les autres ; cet avis fut, dis-je, combattu avec beaucoup de force par tous ceux qui appréhendoient que les ennemis du cardinal ne se servissent utilement, contre ses intérêts, de la foiblesse de M. le président Le Bailleul, qui, par l’absence du premier président, demeureroit à la tête du parlement ; et de la nouvelle aigreur qu’un éclat comme celui-là produiroit encore dans l’esprit des peuples. Le cardinal balança long-temps entre les raisons qui appuyoient l’un et l’autre parti, quoique la Reine, qui par son goût croyoit toujours que le plus aigre étoit le meilleur, se fût déclarée d’abord pour