Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/160

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le moins de secret (défaut qui est assez rare aux gens qui sont accoutumés aux grandes affaires), me disoit tous les jours que M. le prince séchoit d’ennui ; et qu’il étoit si las d’entendre parler de parlement, de cour des aides, de chambres assemblées et d’hôtel-de-ville, qu’il disoit souvent que monsieur son grand-père n’avoit jamais été plus fatigué des ministres de La Rochelle.

Je ne laissai pas de connoître à ce discours de Monsieur qu’il cherchoit des raisons pour se satisfaire lui-même à l’égard de M. le prince. J’affectai, pour me satisfaire moi-même, de ne lui en fournir ni de lui en suggérer aucune. Je demeurai dans la règle des monosyllabes sur ce fait particulier, sur lequel il ne tint pas toutefois à Monsieur de me faire parler, non plus que sur les différentes négociations dont les bruits couroient toujours, faux ou vrais. Je me contentai de prendre ou plutôt de former ma mission. En voici la substance. Monsieur me commanda de faire une assemblée générale des communautés ecclésiastiques ; de faire députer à la cour de toutes ces communautés ; d’y mener et d’y présenter moi-même la députation, qui seroit à l’effet de supplier le Roi de donner la paix à ses peuples, et de revenir dans sa bonne ville de Paris ; de travailler par le moyen de mes amis, dans les autres corps de ville pour le même effet ; de faire savoir à la cour par madame la palatine, sans aucune lettre toutefois au moins que l’on pût montrer, que Son Altesse Royale donnoit le premier branle à ce mouvement ; de ne rien négocier pourtant en détail que lorsque je serois moi-même à Compiègne où je dirois à la Reine