Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fis, en lui représentant qu’elle méritoit d’être considérée et traitée avec distinction ; que je convenois que le peuple ne souffriroit pas apparemment que l’on allât prendre Monsieur au Luxembourg, à moins que le Roi n’eût mis cette entreprise de certains préalables que le temps pourroit amener ; que s’il accoutumoit les peuples à reconnoître son autorité, je ne doutois point qu’il n’y pût réussir, et même bientôt, parce que je ne doutois pas qu’il ne les y accoutumât en peu de temps par sa prudence ; que tous les instans l’augmenteroient ; qu’il en avoit déjà plus à dix heures du soir qui venoient de sonner à la montre de Monsieur, qu’il n’en avoit à cinq ; et que la preuve en étoit palpable, en ce qu’il s’étoit saisi de la porte de la Conférence, qu’il faisoit garder paisiblement, et sans que personne en murmurât, par le seul régiment des Gardes, qui n’en auroit pas sûrement approché, s’il avoit plu à Monsieur de la faire fermer seulement un quart-d’heure entre trois et quatre ; que si Son Altesse Royale laissoit prendre tous les postes de Paris comme celui-là, et maltraiter le parlement comme on le maltraiteroit peut-être le lendemain au matin, je ne croyois pas qu’il y eût grande sûreté pour lui, peut-être dès l’après-dînée. Ce mot remit la frayeur dans le cœur de Monsieur, et il s’écria : « C’est-à-dire que je ne puis rien pour la défensive. — Non, monsieur, lui répondis-je ; vous pouvez tout aujourd’hui et demain au matin. Je n’en voudrois point répondre demain au soir. » M. de Beaufort qui crut que mon discours alloit à proposer et à appuyer l’offensive, vint la charge, comme pour me soutenir ; mais je l’arrêtai tout court en lui disant :