Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/41

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pas plus à craindre que la commotion dans laquelle il y auroit au moins un fils de France au gouvernail ! J’avois dans Paris trois cents officiers à moi, et le vicomte de Lameth avoit ménagé deux mille chevaux du licenciement de Neubourg. J’étois encore assuré des villes de Limoges, de Marville, de Senlis et de Toulouse. »

Voilà ce que j’écrivis sur la table du cabinet des livres en moins de deux heures. Je le lus à Monsieur en présence de M. le président de Bellièvre, qui l’approuva, et l’appuya avec bien plus de force que je n’avois fait moi-même. La contestation s’échauffa, Monsieur soutenant que sans un fracas de cette nature (c’est ainsi qu’il l’appela) il empêcheroit bien que le parlement ne se déclarât contre la marche des troupes de M. de Nemours, qui étoit ce qu’il appréhendoit plus que toutes choses, parce qu’il y alloit joindre les siennes. Vous verrez qu’il ne se trompa pas dans cette vue. Il est vrai encore que je ne fus pas moins trompé sur un autre chef : car je soutins toujours à Monsieur avec le président de Bellièvre, qui étoit de mon avis qu’il ne seroit pas en son pouvoir d’empêcher que le parlement ne procédât à l’exécution de la déclaration contre M. le prince, quoiqu’il eût donné arrêt par lequel il s’engageoit de ne le pas faire, jusqu’à ce que le cardinal fût hors du royaume : car la cour trouva si peu de jour à cette exécution du côté du parlement, qu’elle n’osa même la lui proposer.

Ces succès contribuèrent beaucoup à sa perte : car ils l’endormirent, et ils ne le sauvèrent pas. J’entrerai dans la suite de ce détail, après que je vous aurai rendu compte de ce qui se passa, dans cette