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MÉMOIRES

de Morangis, sous lesquels M. Tubeuf conduisoit presque toutes les affaires. Cela dura ainsi jusqu’au mois de novembre 1649 ; mais comme on ne voyoit point de fonds pour payer les armées, et particulièrement les troupes d’Erlack, qui menaçoient à toute heure de quitter si elles n’étoient payées, et pour fournir aux autres dépenses qui sont grandes et inévitables, on résolut de faire un surintendant pour y pourvoir ; et parce que M. d’Emery avoit plus de connoissances que personne des affaires et de ceux qui étoient capables d’y entrer, on estima qu’il pourroit les rétablir mieux qu’aucun autre. Néanmoins, comme tous ceux qui y pouvoient quelque chose regardoient plutôt à leur intérêt particulier qu’à l’utilité publique, chacun commença à faire ses desseins. La Reine et le cardinal désiroient de faire revenir M. d’Emery pour les raisons que je viens de dire ; M. le duc d’Orléans n’y étoit pas contre, et M. le prince s’y portoit assez. Le premier président soutenoit que comme M. d’Emery avoit fait le mal, il n’y avoit que lui qui y pût remédier. Les frondeurs même étoient partagés sur son sujet ; car toute la cabale du président Le Coigneux lui étoit favorable à cause de l’alliance, le fils de M. d’Emery ayant épousé la fille du président Le Coigneux. Coulon[1] désiroit aussi son retour, à cause qu’il espéroit d’y retrouver son compte, sa femme ayant été autrefois fort bien avec M. d’Emery. D’autres encore, moins intéressés que ceux-là, ne s’y opposoient pas, dans l’espérance qu’ils avoient que comme M. d’Emery avoit toujours été agréable à la Reine, et qu’il avoit de l’ambition et de

  1. Coulon : Conseiller au parlement, grand frondeur.