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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 57.djvu/40

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DU MARÉCHAL DE GRAMONT. [f658]

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le tout sans se décomposer jamais ni ’sortir de son sang froid, ni des règles de la modestie aQectée à son caractère d’archevêque.

Il étoit très-bon chrétien sans avoir rien de bigot, exact observateur des fonctions épiscopales, d’un travail quasi continue !, et d’une application si grande aux afFaires, que nul plaisir dans la vie n’étoit capable de l’en divertir. Étant aussi bon catholique qu’il étoit, il ne pouvoit qu’avoir de l’aversion pour la religion luthérienne : cependant ceux qui la professoient ne Jaissoient pas d’être bien venus près de lui ; il avoit même plusieurs de ses domestiques qui en étoient, et il tâchoit de les tirer de leur erreur plutôt par de savantes instructions et de bons exemples que par’ autorité, qu’il s’étoit acquise à un tel point qu’il n’y avoit point de prince luthérien en Allemagne, à commencer par le roi de Suède, qui ne le fit avec joie l’arbitre de ses différends pour les choses séculières. Lorsqu’il avoit sujet de se méfier de quelqu’un, il ne falloit point lui donner de leçon pour les précautions qu’il devoit prendre ; et quand i) conduisit l’Empereur jusque hors des États dé Mayence et dé Franconie, sous prétexte de lui rendre les honneurs dus à Sa Majesté Impériale, il avoit tellement disposé son affaire, qu’à toutes les couchées aussi bien que dans la marche il étoit toujours, en cavalerie et en infanterie, plus fort que l’Empereur, qui outre sa cour avoit deux bons régimens de cuirassiers avec lui.

Je finis par dire de l’électeur de Mayence que c’étoit un homme véritablement attaché a la personne du Roi, et à qui Sa Majesté avoit seul l’obligation du succès favorable de la négociation de la diète, et que