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DU MARÉCHAL DE GRAMONT. [1660]

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hommes ni argent jugera s’il est équitable qu’il valoit mieux nous céder les conquêtes que nous y avions faites, que de la laisser conquérir tout entière, et d’y ajouter Avesnes, Marienbourg et Philippeville, que d’abandonner les intérêts d’un prince (’) qui avoit soutenu ceux d’Espagne avec tant d’honneur et de foi exemple qui eût été d’une périlleuse conséquence, et bien contraire à la politique d’une nation dont les vues s’étendent si loin, et qui regarde plus attentivement l’avenir que le présent. t660] Je reprends la suite du mariage du Roi, qui ayant été conclu comme je l’ai dit ci-devant, Sa Majesté, la Reine sa mère et toute la cour partirent de Toulouse au commencement du printemps, et vinrent à Saint-Jean-de-Luz pour recevoir l’Infante sur la frontière. L’entrevue des deux rois se fit dans l’île des Faisans, où le cardinal Mazarin et don Louis de Hare avoient signé la paix. Je n’entrerai point dans le détail de cette grande et superbe cérémonie, plusieurs plumes meilleures et plus délicates que la mienne ayant suiEsamment traité cette matière je dirai seulement que chaque nation fit de son mieux pour témoigner sa joie et faire honneur à son maître, et que les Français et les Espagnols y réussirent. Le Roi ramena l’Infante à Saint-Jean-de-Luz, où les noces se firent le lendemain, à la grande satisfaction de toute la France ; puis le Roi se mit en marche avec toute la cour pour s’en revenir à Paris, où la Reine fit son entrée, et où elle fut reçue avec la pompe et la magnificence due à la majesté royale, et à une princesse pleine.de vertus et de qualités (t) D’un prince Le prince de Condé.