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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 57.djvu/93

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t661] MEMOtRES

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Le Roi s’attendrit extrêmement avec le cardinal, et regretta la perte d’un aussi digne et aussi fidèle ministre, autant que les princes sont capables de regretter ceux qui les ont fidèlement servis toute leur vie, et qui ne se trouvent plus en état de le faire c’est-à-dire le cardinal mort, il ne fut plus question de son ministère.. Cela n’a rien néanmoins de surprenant, c’est ce qui a été de tous les temps, et ce qui durera jusques a la fin du monde. Ainsi il ne faut ni s’en étonner, ni que cela dérange jamais un instant un sujet de son devoir, et de servir son maître, pendant le cours de sa vie, avec le zèle et la fidélité qu’on lui doit.

Le maréchal de Gramont assista toujours le cardinal jusques à son dernier soupir, et il perdit en lui un protecteur et un ami tel qu’on n’en trouve guère dans la vie aussi n’a-t-il jamais perdu la mémoire de toutes les obligations qu’il lui avoit, et l’on peut dire que sa reconnoissance pour le cardinal n’a fini qu’avec lui.

Le lendemain que le cardinal fut expiré, toutes les affair es changèrent de face à la cour le Roi, quoiqu’à la fleur de son âge et au milieu de ses plaisirs, prit seul le timon de l’État, et se livra entièrement aux aQaires ; ce qu’il a continué de faire pendant le cours de son règne long et glorieux. La Reine sa mère, qui avoit été régente si long-temps, n’eut plus de part aux affaires ; non plus que les princes du sang et les plus grands seigneurs de France, qui jusques alors avoient été admis dans les conseils et fait une figure distinguée. Tout le gouvernement de l’État fut renfermé en la personne du Roi, et en trois