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des dindjié ou loucheux

que tu t’imagines que ces lièvres sont mes enfants.

Elle ne répondit rien, prit les lièvres, leur mit du pémican dans les oreilles, et aussitôt ceux-ci, ressuscitant, se sauvèrent dans la forêt.

— Quelle méchante femme ! s’écria le mari, indigné de perdre le fruit de sa chasse.

Alors, pour l’éprouver encore, Dindjié se coucha et affecta d’être malade.

— J’ai mal au ventre, disait-il.

La méchante femme prit de l’urine et de la fiente de chien, en fit une mixtion et la donna à son mari en guise de médicament. Mais le poison ne lui fit aucun mal.

Les choses en étant là, on leva le camp le lendemain. Alors la méchante femme du soir dit à sa rivale :

— Puisque tu es seule à posséder des enfants, demeure avec ton mari. Quant à moi, je suis décidée à demeurer ici.

Ce disant, elle se sauva dans les marais et disparut. Depuis lors on ne sait ce qu’elle est devenue. Lorsque la Compagnie de la baie d’Hudson arriva dans ce pays, nous crûmes que c’était la méchante femme du soir qui s’en revenait vers nous.

Alors Dindjié, dégoûté des femmes lunaires, s’en alla, bien résolu d’abandonner même celle