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légendes et traditions

qui l’aimait, et il fit diligence pour retourner dans sa patrie vers ses vieux parents. Mais sa femme le suivit de loin et s’attacha à ses pas.

Malheureusement la pauvrette ne pouvait courir aussi vite que lui. Ce n’était que difficilement qu’elle pouvait le suivre. Le mari faisait toujours le campement avant qu’elle arrivât, et la pauvre femme n’arrivait au bivouac qu’après le départ du fugitif.

Ainsi marchant et poursuivant l’infidèle[1], elle arriva sur les bords d’une grande eau, lorsqu’elle aperçut son mari sur l’autre rive, où il avait déjà allumé du feu. Elle y courut ; mais, avant qu’elle ait eu le temps de traverser le lac, Dindjié avait levé le pied. Par deux fois il en agit ainsi. Elle en était désolée.

La femme du matin se dit alors :

— Il est évident que mon mari veut m’abandonner, car il a bien dû me voir venir sur le lac. Je vais user de ruse.

Donc, le soir venu, et pendant que son époux était campé sur la rive opposée d’un grand lac, la femme du matin, au lieu de traverser le lac en se

  1. On voit ici la contradictoire du mythe esquimau de Maligna. Ici, c’est la femme qui est lunaire et qui poursuit l’homme. Chez les Esquimaux, la femme est solaire et est poursuivie par le mari, de race lunaire. Seconde édition des Kourous et des Pandous.