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des dindjié ou loucheux

Le nautonnier flotta dans son étui de chaume géant jusqu’à ce que les eaux se fussent évaporées et que la terre se fût desséchée. Il mit alors pied à terre sur une montagne élevée où son chaume s’était reposé.

Le navigateur demeura longtemps sur cette terre haute. Il ne s’en fut que lorsque plusieurs jours se furent écoulés. On appelle cette montagne Le lieu du Vieillard, parce que ce fut là que Etρœtchokρen demeura. C’est ce rocher à pic que tu as vu à droite du fort Mac-Pherson, dans les montagnes rocheuses.

En aval du fleuve (Youkon) deux rochers à pic très élevés forment comme une écluse entre eux. L’eau y est forte et le courant très accéléré. Là, debout sur les deux rochers, jambe de ci jambe de là, le fleuve passant entre ses jambes et les mains trempant dans l’eau, le nautonnier saisissait les cadavres des hommes au passage, de la même manière que l’on prend le poisson avec une puise.

Étant arrivé encore plus bas vers la mer des Castors, Etρœtchokρen aperçut une hydre couchée, gueule béante, au milieu du fleuve, et recevant dans cette gueule toutes les eaux qui s’y engouffraient. Le courant y était violent. Etρœtchokρen, tout en voguant, pénétra dans la gueule du monstre marin, en traversa le corps