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légendes et traditions

sur le courant des eaux, et en sortit par l’orifice postérieur. Ce fut son dernier exploit comme navigateur.

Cependant Etρœtchokρen, ayant débarqué, se mit à la recherche des hommes qui auraient pu survivre. D’hommes, il n’y en avait plus. Seul, le corbeau, perché sur un rocher élevé, dormait, bien repu, sur une de ses pattes.

Le nautonnier, un sac à la main, grimpa au sommet du rocher, surprit le corbeau dans son sommeil et l’enferma dans le sac, avec l’intention de s’en défaire.

Alors le Corbeau lui dit :

— Je t’en prie, ne me précipite pas en bas de ce rocher ; car, si tu le faisais, je ferais disparaître tous les hommes qui restent encore, et tu te trouverais seul au monde.

Cependant Etρœtchokρen le jeta en bas du rocher, il le brisa en mille pièces et laissa ses os épars au bas de la montagne. Puis il repartit.

Mais la prédiction du Corbeau s’accomplit. Bientôt le nautonnier crut entendre un bruit de voix d’hommes qui jouaient pendant la nuit ; car on était au solstice d’été, époque durant laquelle, le soleil ne se couchant pas, on passe la nuit en amusements. Mais il se trompait, il ne vit pas d’hommes. Il voyagea longtemps et au loin pour en trouver, mais sans jamais trouver personne.