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des dindjié ou loucheux

Toutes les tentes étaient vides, d’hommes il n’y en avait plus sur la terre. Etρœtchokρen aperçut seulement, étendu sur la vase, une loche et un brochet qui se chauffaient au soleil.

Il revint donc vers le cadavre du Corbeau dont les ossements blanchis gisaient épars au pied de la montagne. Il réunit ses os, il les rapprocha, les raccorda du mieux qu’il put, il étendit sur eux une couverture, péta dessus, et par ce pet il remit en place tous ces os et leur rendit la chair et l’esprit. Mais il n’avait pu retrouver un des doigts de pied du Corbeau, qui ressuscita ayant seulement trois doigts aux pieds[1].

Le nautonnier en avait agi ainsi afin que le Corbeau (qui était un méchant esprit) pût l’aider à repeupler la terre. Ils allèrent donc sur la plage où le brochet et la loche dormaient au soleil, le ventre reposant sur le limon ; alors le Corbeau dit à Etρœtchokρen :

— Toi, perce le ventre du brochet tandis que j’en ferai autant à la loche.

Etρœtchokρen ayant donc percé le sein du brochet, il en sortit une foule d’hommes. De son côté, le diable-corbeau en ayant agi de même avec

  1. Cette particularité rappelle la fable d’Osiris, dont Isis, qui en recueillit et en ramassa les débris, ne put parvenir à retrouver le membre phallique. Par un jeu de mots propre au Déné, doigt (ρoë) se prend aussi pour ce membre (sé ρoë).