Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/105

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monter au ciel par d’autres monts, ainsi que d’autres rameaux, car il est bien temps.


SONNET XCII.

Entendant parler de Laure et de l’Amour, il lui semble voir et entendre Laure elle-même.

Quand je vous entends parler si doucement, de la façon dont Amour inspire lui-même ses disciples, mon désir embrasé jette de telles étincelles, qu’il devrait enflammer les âmes les plus froides.

Il me semble alors voir présente la belle dame, telle que je la vis partout où elle fut douce et bienveillante pour moi, et avec cette attitude qui au son, non d’une cloche, mais des soupirs, me fit réveiller souvent.

Je vois ses cheveux, épars au vent, et elle-même penchée en arrière ; et elle revient aussi belle dans mon cœur, comme celle qui en tient la clef.

Mais le suprême plaisir qui se met en travers de ma langue, n’a pas assez d’audace pour la montrer au grand jour telle qu’elle est dans mon cœur.


SONNET XCIII.

Il dépeint les beautés de Laure quand il en devint amoureux.

Je n’ai jamais vu le soleil se lever si beau dans un ciel débarrassé de nuages, ni, après la pluie, l’arc céleste déployer tant de couleurs variées dans l’air,

Comme je vis se transformer en flamboyant — le jour où je pris l’amoureux fardeau — ce visage auquel — et mon dire est bien modéré — aucune chose mortelle ne se peut comparer.