Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/27

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depuis si longtemps nous occuper de choses vaines, et le rire et les pleurs, et la peur et la colère.

Ainsi nous verrons ensuite clairement comme souvent on marche au milieu des choses incertaines, et comme souvent on soupire en vain.


SONNET XX.

Laure malade lui apparaît en songe, et lui affirme qu’elle vit encore.

Déjà l’amoureuse étoile flamboyait à l’Orient, et l’autre que Junon rend d’ordinaire jalouse, déroulait au septentrion ses rayons, brillante et belle ;

La pauvre vieille, sans ceinture et déchaussée, s’était levée pour filer et avait rallumé le feu ; les amants se sentaient aiguillonnés par l’heure qui d’ordinaire les invite à pleurer ;

Quand celle qui est mon espoir, déjà près de sa fin, se présenta à mon esprit, mais non par la voie accoutumée, car le sommeil la tenait fermée et la douleur l’avait humectée.

Qu’elle était changée, hélas ! de ce qu’elle était auparavant ! Et elle semblait dire : pourquoi perds-tu courage ? Voir ces yeux, ne t’est pas encore enlevé.

SONNET XXI.

Il compare sa Dame à un laurier, et il prie Apollon de le préserver de la tempête.

Apollon, si le beau désir qui t’enflammait aux rives thessaliennes vit encore, et si, les années se déroulant, tu n’as pas déjà mis en oubli la blonde chevelure aimée.

Du gel stérile et de la saison âpre et mauvaise, qui