Page:Petrarque - Les Rimes de.djvu/28

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dure tout le temps que ton visage se cache, défends désormais le feuillage glorieux et sacré où, toi d’abord, et moi ensuite, nous fûmes englués.

Et par la vertu de l’amoureux espoir qui te soutint dans la vie acerbe, débarrasse l’air de ces vapeurs.

Alors nous verrons ensuite, par miracle, notre Dame s’asseoir sur l’herbe, et se faire à elle-même un ombrage de ses bras.


SONNET XXII.

Il vit solitaire et fuit tout le monde ; mais Amour est toujours avec lui.

Seul et pensif, je vais mesurant les plus désertes campagnes, à pas tardifs et lents ; et mes yeux sont uniquement préoccupés de rechercher, pour les fuir, les lieux où le sable porte l’empreinte de vestiges humains.

Je ne trouve pas d’autre défense pour éviter que les gens ne s’aperçoivent de mon état ; car dans l’air joyeux que j’affiche au dehors, on lit combien je brûle au dedans.

De sorte que je crois désormais que les monts et les plaines, les fleuves et les forêts, savent quelle est ma vie, qui est cachée à autrui.

Mais pourtant, je ne sais pas chercher des voies si rudes et si sauvages, qu’Amour ne vienne toujours raisonner avec moi, et moi avec lui.

SONNET XXIII.

Il reconnaît que la mort ne peut pas le tirer d’angoisse ; néanmoins, dans sa lassitude, il l’appelle.

Si je croyais pouvoir me délivrer par la mort de l’amoureux penser qui me terrasse, j’aurais déjà, de