Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Là, à cause des pleurs et de la grande misère,
l’homme ne peut pas pénétrer.
Les uns de ces forçats étaient enchaînés,
Prêts à partir sur de grands navires ;
Ils devaient les conduire sur les mers,
Le soleil d’été les brûlait,
Les pluies, le mauvais temps les minaient.
Ils étaient rivés là dedans,
Plus malheureux que le chien,
Attaché nuit et jour près de l’étable.
Leurs prisons étaient pires encore,
Sous le palais où vit le doge.
N’importe quel trou est préférable
À ces horribles et tristes prisons.
Un cheval crèverait dedans,
On n’oserait pas y mettre un chien !
Encore moins un malheureux homme !
Là-bas, ils ligotent les hommes,
Et les égorgent dans les caves sombres ;
Je tremble, que Dieu les tue,
Quand je pense à cet épouvantail !
Personne n’ose plaindre un autre,
Encore moins lui venir en aide.
Quand je vis cette grande misère,
Mon cœur me fit mal et je parlai :
« Que faites-vous de ces hommes, misérables ? !